Toujours cette escalade de la raison, cette débandade
du cœur. Mais les mains pour intercéder, les mains
ployées, disparues dans la fournache des jours, les
mains dressées, emmêlées comme arbres encroués,
les mains d’étreinte emportées à marée descendante,
les mains aériennes d’où s’élancent des ailes, toutes
nos mains – seront-elles recueillies, pliées tendrement
comme le linge séché au vent solaire, et rangées
dans la grande armoire odorante de secrets, d’où
elles ressortiront, pâles et fraîches mains, pour un
jour de fête ?
Susan Wise (USA/France, 1936 -)
COURANTS, from Poèmes de Lyarne, Editeur Jean Audouin, Paris 1972
Pictured: a series of hands casted by Fortuny and exhibited at the Fortuny Museum (Venice), courtesy Diana Marrone